Quotas laitiers La chute des prix relance la polémique dans l'UE
L'effondrement des prix du lait, à l'origine d'une vive inquiétude en Europe de l'Est mais aussi en Allemagne ou en France, a rouvert la controverse au sein de l'UE sur le bien-fondé du relèvement et de la suppression prévus des quotas de production.
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Allemagne, Europe de l'Est, France : la grogne des producteurs de lait monte face à des prix du lait en baisse. (© Terre-net Média) |
En novembre 2008, les pays européens avaient décidé de relever progressivement chaque année de 1% ces quotas, mis en place en 1984 pour lutter contre la surproduction et soutenir les prix, avant leur suppression prévue à l'horizon 2014/2015. Mais lundi, à l'occasion d'une réunion des ministres de l'Agriculture à Bruxelles, plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne, ont demandé qu'on rediscute de l'opportunité de ces mesures, compte tenu de la chute des prix laitiers, qui ont perdu quelque 50% en moyenne depuis leur pic de l'automne 2007.
Le ministre français Michel Barnier a demandé lundi qu'on avance à «très tôt en 2010» une clause de rendez-vous prévue dans le courant de l'année prochaine pour réexaminer la situation. Une autre est programmée en 2012. Il s'agit de «rendez-vous pour poser toutes les questions, sans tabous, et même la question principale de savoir s'il faudra en 2014 effectivement supprimer les quotas laitiers», a prévenu M. Barnier à son arrivée à Bruxelles. «Moi je me pose des questions et si ça ne tenait qu'à moi, on maintiendrait les quotas laitiers d'une manière ou d'une autre car il y a des raisons de faire très attention de ne pas augmenter la surproduction laitière actuellement» a-t-il ajouté.
Conférence de presse du conseil européen des ministres de l’Agriculture, lundi 23 mars à 15h
« Non, non et non, il n’est pas question de revenir sur les accords sur le bilan de santé de la Pac et en particulier sur l'abandon des quotas en 2015. Qu’on mette fin à cette rumeur de faire croire aux éleveurs que l’on reviendra sur ce sujet.» Tels sont les propos tenus par Mariann Ficher Böel, commissaire européen, en ouvrant la première conférence de presse du conseil des ministres européen de l’Agriculture. « L’agriculture souffre de la crise (accès difficile au crédit, baisse des prix et des charges élevées) mais les ministres de l’Agriculture sont persuadés que le marché se redressera », ajoute t-elle. En attendant, aucune décision politique sérieuse à cette heure pour redresser la demande et faire face aux surplus de lait que « les quotas n’empêchent pas d’avoir puisque les éleveurs produisent moins de lait que les quotas qui leur sont alloués », fait remarquer le commissaire. |
Cinq autres pays, l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, la Slovaquie et la Slovénie ont demandé, eux, dans un texte commun que la discussion sur le secteur laitier soit avancée dès cette année. «En particulier, l'augmentation graduelle des quotas doit être de nouveau réexaminée et, si nécessaire, retardée», soulignent-ils. Actuellement, a dit aux journalistes la ministre allemande Ilse Aigner, même les grandes exploitations laitières en Allemagne «ne peuvent plus vivre» avec un prix qui descend jusqu'à 20 centimes le litre, alors que les professionnels affirment perdre de l'argent en dessous de 40 centimes.
La grogne enfle
La fédération allemande des producteurs de lait (Bdm) n'a pas exclu récemment de nouvelles «grèves du lait», après des mouvements similaires l'an dernier.
La grogne enfle aussi en Europe de l'Est. Environ 8.000 agriculteurs tchèques, slovaques, hongrois, lituaniens et allemands ont manifesté le 12 mars à Prague. Des actions de protestations ont également eu lieu en Grèce, Bulgarie ou Lettonie. Toutefois, la Commission européenne a refusé lundi de remettre en cause la hausse des quotas.
L'exécutif européen estime avoir fait suffisamment pour le secteur laitier en décidant plusieurs mesures de soutien ciblées depuis le début de l'année (réintroduction des aides à l'exportation, au stockage privé du beurre, prix d'intervention). Pour lui, le fait que les prix baissent aujourd'hui malgré l'existence des quotas est la preuve que leur maintien n'est pas la solution à terme. Les agriculteurs européens vont devoir s'adapter à l'évolution de l'offre, avertit-il. «Je ne suis pas prête à discuter d'une réorientation complète de la politique laitière de l'UE, comme le demandent certains d'entre vous», a lancé lundi aux ministres la commissaire à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, selon le texte de son intervention. Elle peut compter sur le soutien de la présidence tchèque de l'UE. «Il n'y a pas la moindre chance que les pays (de l'UE) acceptent de rouvrir» le dossier des quotas, a dit lundi son ministre de l'Agriculture, Petr Gandalovic.
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